Djibouti… Ce pays a fasciné des générations d’aventuriers, de militaires français et, enfin, de touristes, envoûtés par les récits de Joseph Kessel et d’Henry de Monfreid. Quant à Élodie et moi, nous étions toujours à la poursuite de cette mythique Grande muraille verte qui va de Dakar à Djibouti. Existe-t-elle vraiment ? Existera-t-elle un jour ? Telles sont les questions auxquelles nous voudrions pouvoir répondre. ….
Farouche Éthiopie Je vous déconseille d’arriver à Addis-Abeba après avoir lu Thesiger ! Thesiger, aventurier et écrivain anglais naquit à Addis en 1910 où il passa toute son enfance. Son père était le chef de la légation britannique auprès de l’empereur Menelik II. Après des études supérieures effectuées en Angleterre, il retourna en Éthiopie sans y exercer de fonction précise. Simplement, il préférait la rude existence des tribus nomades aux suaves salons d’Eton ou de Cambridge, l’aridité des hauts plateaux d’Éthiopie aux pluvieux cottages du Sussex. Il admirait – plus que le sens des affaires de ses compatriotes – l’endurance et les qualités humaines de ceux qui vivaient alors dans le plus simple appareil. À cette époque, les farouches guerriers d’Éthiopie chassaient le lion à la lance pour prouver leur bravoure et portaient en collier les testicules des ennemis tués au combat comme autant de médailles. Ce monde-là n’est plus ! Heureusement ou pas, telle est la question que l’on peut se poser aujourd’hui, un siècle plus tard, en débarquant à Addis-Abeba. La ville, déjà immense, est en pleine expansion, en pleine effervescence ! Le monde moderne impose sa musique, wagnérienne, à coups de pelleteuses et de bulldozers ! On détruit les vieux quartiers à tour […]
Nos chameliers ne parlent plus. Cela signifie qu’eux aussi commencent à souffrir de la chaleur… Ce n’est pas trop tôt, car ces gars-là sont des durs à cuire ! Ils ne montrent jamais leur degré d’épuisement. À 10 h, Mamat, le chamelier en chef, avise quelques touffes d’herbe et décide de s’arrêter afin que ses chameaux en profitent pour se restaurer. Il remarque également que les Nassaras – c’est nous – ont l’air cuits, mais il n’a aucune pitié pour eux. Pourquoi en avoir ? Les Blancs ont-ils pitié des pauvres nomades comme lui ? se dit-il.
A mes amis Bamakois. Le 17 mars à Marseille, s’est tenu le forum Europe-Afrique sur le thème : métropoles européennes et africaines, les actrices de la relance mondiale. Étaient présents le ministre français du commerce extérieur, les responsables de la métropole Aix- Marseille, quelques grandes entreprises européennes désireuses d’accroitre leurs activités en Afrique, et quelques responsables politiques africains venus exposer leurs besoins. Il faut savoir que la taille des capitales africaines double en moyenne tous les dix ans. Beaucoup de villes africaines dépasseront les dix millions d’habitants avant la fin de la décennie. Sur ce marché prometteur qui consiste à équiper les grandes métropoles africaines, les entreprises européennes, autrefois en position de quasi-monopole, sont à présent en concurrence avec le reste du monde. Comment rester attractives face à des concurrents qui cassent les prix et améliorent sans cesse leurs services ? Voilà un des défis que ce forum veut relever. Défi d’autant plus colossal que l’Europe n’a pas apporté aux capitales africaines une évolution particulièrement remarquable ces vingt-cinq dernières années.Je peux vous en parler, j’étais aux premières loges. Je me suis installé à Bamako, capitale du Mali, à la fin des années 90. À cette époque, Bamako était surnommée « […]
Des problèmes de santé et des ennuis mécaniques m’amenèrent à faire une escale de plusieurs semaines à Papeete. Mon bateau et mon corps avaient tous deux décidé de faire une halte. La marina de Papeete, où sommeillent paisiblement une cinquantaine de voiliers, se situe en plein centre-ville. Elle jouit d’une proximité agréable avec les établissements chics de la ville, boutiques, bars et restaurants. Bien que Papeete soit un important port commercial du Pacifique, il y règne une atmosphère débonnaire, semblable à celle des petits ports de plaisance en métropole. Il semblerait que le style polynésien parvienne à imposer son suave tempo à cette brutale activité économique. C’était la première fois depuis mon départ de Marseille, il y a quatre ans, que je reprenais vraiment contact avec mes compatriotes et leurs préoccupations du moment. J’écoutais le journal de France Inter en podcast le matin à la radio, entamais des conversations de comptoir au café du coin et participais parfois à des discussions animées à l’apéro en fin de journée. Je me rendis compte à quel point j’étais déconnecté. Je m’étais absenté quelques années à peine, mais entre-temps, le monde avait basculé. Je me demandais si un voyageur qui reviendrait après un […]
« Ce n’est pas ce que vous savez qui vous pose un problème, mais c’est ce que vous savez avec certitude et qui n’est pas vrai. » Mark Twain Lorsque le confinement a été instauré en France, le 17 mars 2020, je me trouvais, par chance, au Mali. Ici, le coronavirus était encore un parfait inconnu. La vie suivait son cours habituel, rythmée par les baptêmes, mariages, décès, récoltes… Le soir, je me rendis chez mon ami Diawara, où se tenait notre grin. Le grin(mot bambara) est un groupe d’amis qui ont l’habitude de se retrouver pour discuter. Généralement, l’un d’eux prépare avec une extrême minutie et une savante lenteur une succession de thés, afin de donner aux conversations le temps d’aboutir. Au grin, nous parlâmes bien évidemment du confinement général décrété en France. L’atmosphère était détendue, car tous mes amis prenaient ce virus pour une foutaise. « Encore un truc de Blancs ! » disaient-ils. Car ils se moquaient souvent des Occidentaux, de leur rigidité d’esprit, mélange de vertus morales et de calculs mathématiques, et de leur besoin presque obsessionnel de chercher à tout contrôler. « Avec ce virus, les Blancs sur-réagissaient, comme d’habitude ! » pensaient-ils. Je trouvais pour ma part […]